Un tatouage est un dessin décoratif et/ou symbolique réalisé en injectant des pigments dans la peau, visible par transparence (de la peau). L'étymologie du mot tatouage, vient du tahitien tatau, qui signifie marquer, dessiner ou frapper et dérive de l'expression " Ta-atouas ". La racine du mot, ta signifie " dessin " et atua signifie " esprit, dieu ". A son retour de voyage dans le pacifique, James Cook rapporta que les autochtones avaient une pratique d'ornements corporels : le " Tatau " (anglicisé Tattoo) qui signifie : taper, frapper.
Dans le jargon des tatoueurs, surtout les anciens, on emploie encore le terme de " taper " pour la réalisation d'un tatouage, les jeunes disent plutôt "piquer ".

Il est difficile de définir de manière précise, la datation et l'origine de cette pratique. Sur tous les continents, on en retrouve des traces. Cette pratique était donc très répandue et ancienne.
En Polynésie depuis 3000 ans, en Asie depuis 5000 ans Av J.C.
Pour exemple, dans les années 90, il a été découvert dans de la glace en Autriche, un homme portant des tatouages. Il serait le plus vieux tatoué de notre espèce: plus de 5300 ans av .J.C.
De même, lors de fouilles archéologiques dans la haute Egypte, une momie tatouée datant de 4000 av JC a été mise à jour.

Différentes croyances étaient liées à la pratique du tatouage. Nous pourrions noter comme exemple:
- Dans certaines ethnies, le tatouage était réservé à une certaine caste, souvent l'élite du groupe.
- Pour d'autres, il faisait partie de certains rites initiatiques, notamment le passage de l'enfance à l'âge adulte.
- Ailleurs, il servait de protection contre les mauvais esprits, la réalisation de motifs codifiés établissait la barrière protectrice.
- Nous l'avons également retrouvé comme "carte d'identité", ses motifs emblématiques et endémiques indiquaient l'appartenance à la communauté concernée.
- Bien souvent, il préparait les guerriers au combat, leur apportant force et protection.
- Pour d'autres, il avait des propriétés et des vertus thérapeutiques.
Nous pouvons alors nous demander; le tatouage, est-il un simple phénomène de mode ? ou pourrions-nous l'envisagé comme la perpétuation d'une démarche millénaire !!!! ?

Cet art millénaire a été interdit par le pape Adrien 1er en 789 ap JC. Il a été marginalisé par l'église chrétienne à travers le monde via ses missionnaires, comme en Polynésie française où il a été interdit dans les années 1766, pour ne réapparaître que dans les années 1980.

C'est en 1760, à la découverte de la Polynésie, que des marins ont ramenés en Europe la pratique du tatouage. Cette pratique confidentielle s'est développée à l'encontre de " l'ordre établi " grâce aux aventuriers, marins, garçons et filles de "mauvaises vies", touchant et propageant les différentes couches sociales, y compris quelques têtes couronnées comme Edouard VII et le Tsar Nicolas, qui en ont été de fervent adeptes. En 1860, le tatouage a été interdit en France pour des raisons sanitaires méconnues, et ce n'est qu'en 1960 que s'ouvre à Paris le 1er salon de tatouage professionnel (toujours d'actualité).

De nos jours, le tatouage s'est démocratisé. Après un effet de mode vers la fin des années 1990, le tatouage est devenu un phénomène de société par le nombre de personnes tatouées et la prolifération des studios de tatouage. Il se pratique dans toutes les couches sociales et sur toutes les tranches d'âges.

Le tatouage n'est toujours pas reconnu comme un art à part entière. Pourtant sa réalisation demande malgré tout une certaine qualité artistique. La " maison des artistes " à Paris, ne reconnaît pas les tatoueurs comme artistes, prétextant que la peau ne peut être considérer comme un support artistique. Qu'il y a-t-il de plus noble que le corps humain ? Un papier vélin, une toile, un meuble, un mur de béton ? Cela peut interpeller !!! Le tatouage est perçu comme un art marginal : ne serait-ce qu'un art du peuple ?

La législation concernant la propriété intellectuelle d'une oeuvre, considère que " l'artiste ", en est toujours le propriétaire. De ce fait, le créateur peut à tout moment, et à sa convenance, y apporter les modifications qu'il désire. Lorsqu'il s'agit de tatouage, il est difficile d'envisager les choses ainsi. Comment penser qu'un artiste-tatoueur pourrait modifier son oeuvre à posteriori, sans l'accord du tatoué. Surtout si nous considérons que le tatouage est réalisé avant tout pour le tatoué. Néanmoins, une anecdote circule dans la profession. Un chanteur très connu aurait utilisé l'image de son tattoo pour la pochette de son disque, l'affiche de sa tournée et sa promotion, sans l'autorisation du tatoueur. Celui-ci l'a traduit en justice dans le cadre de la propriété intellectuelle, a gagné son procès et depuis coulerait des jours heureux sous les cocotiers.

Il existe plusieurs méthodes traditionnelles pour réaliser un tatouage. En voici quelques-unes, parmi les plus connues :
- Chez les Inuits, c'est une aiguille d'os équipée d'un fil enduit de suie qui est passée dans la peau.
- Au Japon, un morceau de bambou effilé, trempé dans de l'encre, sert à piqué dans la peau dans un mouvement de soulèvement.
- En Thaïlande, un morceau de bambou d'une longueur d'un mètre, muni d'aiguilles et trempées dans de l'encre, est projeté dans la peau comme une lancette.
- En Birmanie, Afrique du Nord, Europe et dans de nombreuses autres ethnies, ce sont des aiguilles ou des épines fixées sur un corps solide tel un stylet, trempées dans de l'encre, qui piquent la peau.
- En Polynésie, ce sont des dents de cochons sauvages ou de requins taillés en petits peignes, fixés sur un manche, trempés dans une décoction à base de plantes brûlées, et ensuite frappés par un maillet.
- En Nouvelle Zélande, les Maoris utilisaient des os d'albatros taillés, montés sur un bout de bois, trempés dans des décoctions et tapés avec un autre bout de bois.
De nos jours, l'utilisation d'une machine électrique est beaucoup plus répandue, bien que certaines pratiques ancestrales perdurent comme en Polynésie, Thaïlande, Japon.

La peau constitue l'organe le plus grand du corps humain. Elle représente 16 % de son poids total. Composée de plusieurs couches de tissus, elle forme une barrière de protection de l'organisme contre le milieu extérieur, mais assure également d'autres fonctions vitales. La spécialité médicale traitant de la peau et de ses affections est la dermatologie.
D'un point de vue chimique, la peau comprend en moyenne :
- 70% d'eau
- 27,5% de protéines
- 2% de matières grasses
- 0,5% de sels minéraux et oligo-éléments
Elle est constituée de trois couches de tissus :
- l'épiderme, la couche superficielle
- le derme, couche intermédiaire
- l'hypoderme, couche profonde
L'épiderme:
L'épiderme est un tissu épithélial de revêtement semi-perméable. Il est composé de trois types de cellules :
- kératinocytes, remplis de kératine (protéine entrant également dans la composition des cheveux et des ongles) et de lipides
- mélanocytes, qui produisent la mélanine responsable de la pigmentation de la peau
- cellules de langherans, qui participent du système immunitaire de la peau.
L'épiderme se divise lui-même en cinq couches.
- Couche cornée (stratum corneum), composée de cornéocytes, résultats de l'ultime phase de mutation des kératinocytes qui remontent progressivement depuis la couche basale, et de lipides épidermiques.
Son tiers inférieur constitue une véritable barrière de protection face aux facteurs exogènes (pollution, soleil, froid) et à la perte d'eau endogène.
- Couche claire (stratum lucidium), qui correspond à une phase de transition entre la couche granuleuse et la couche cornée.
- Couche granuleuse (stratum granulosum), où commence la kératinisation des kératinocytes (qui évoluent en cornéocytes).
- Couche épineuse ou corps muqueux de malpighi, comportant 3 à 10 assises de kératinocytes qui s'aplatissent peu à peu vers la surface.
- Couche basale, la plus profonde de l'épiderme. Elle assure la régénération continue de la peau par division cellulaire : les cellules produites migrent progressivement vers les couches supérieures en subissant diverses mutations. Entre ces cellules basales s'intercalent les mélanocytes, responsable de la mélanogénèse.
Le derme:
Le derme est un tissu conjonctif, qui soutient l'épiderme, protège le réseau vasculaire et les fibres nerveuses. Le derme se divise en deux couches:
- le derme papillaire (derme superficiel), couche intermédiaire riche en terminaisons nerveuses et en symbiose permanente avec l'épiderme, dont il est séparé par la jonction dermo-épidermique
- le derme réticulaire (derme profond et moyen), un tissu conjonctif dense compose d'un réseau de fibres élastiques. Il comporte différents types de cellules :
- des fibroblastes (cellules qui synthétisent le collagène, protéine indispensable à l'élasticité des tissus)
- des histiocytes et mastocytes, qui jouent un rôle important dans les réactions immunitaires de la peau.
L'hypoderme:
L'hypoderme est un tissu adipeux se trouvant sous le derme. Il est traversé par les vaisseaux et les nerfs arrivant dans le derme.
Il joue plusieurs rôles:
- protecteur, il sert d'amortisseur entre le derme et les os
- isolant thermique
- morphologique, il modèle la silhouette en fonction de l'âge, du sexe, de l'état nutritionnel de l'individu
- énergétique, par le stockage des graisses.
Au niveau du derme et de l'hypoderme prennent également naissance ce qu'on appelle les annexes de la peau :
- les glandes sudorales (ou sudoripares ) eccrines, qui fabriquent la sueur aqueuse
- les glandes sudorales apocrines, responsables de l'odeur corporelle
- les glandes sébacées qui secrètent le sébum, ce film hydrolipidique qui protège l'épiderme
- les follicules pileux des poils et des cheveux, associés à une glande sébacée.

Aucune étude scientifique n'a été réalisée, donc aucune affirmation ne peut être apportée, par expérience, nous constatons que:
- l'épiderme, à cause de son renouvellement fréquent, ne peut contenir l'encre: le tatouage s'estomperait rapidement;
- l'hypoderme, du fait de sa constitution graisseuse, ne peut maintenir l'encre en place: tatouage au tracé baveux (diffusion).
L'hypothèse retenue serait que l'encre est maintenue dans le derme.
On dit parfois que l'encre est prisonnière des cellules. A ce moment-là, elle devrait être phagocytée par des cellules macrophages, éliminée via la lymphe par les capillaires et rejeter par exsudation.
Par déduction, je pense que l'encre est prise dans l'espace interstitiel des cellules, espace dit "virtuel", car infinitésimal. Les molécules (d'encres) seraient trop importantes pour être évacuées par le liquide lymphatique. Le relâchement des cellules avec le vieillissement va favoriser l'épaississement des traits du tatouage.

La réalisation d'un tatouage est un acte à risque infectieux potentiel au même titre que tout soin invasif par passage de la barrière cutanée comme: la pose d'une perfusion ou la réalisation d'un bilan sanguin par exemple, ni plus ni moins.
Une application des protocoles utilisés en soins infirmiers, transposés au travail des tatoueurs, est nécessaire, suffisante, et adaptée aux risques encourus.
La réalisation d'un tatouage n'est pas assimilable à un acte chirurgical pour lequel les mesures d'asepsie à appliquer sont draconiennes, elles sont inadaptées à la pratique du tatouage.
Les risques principaux sont des infections (microbiennes, bactériennes) et des transmissions de virus : HIV, hépatite (B ou C) pour ne citer que les plus connus.

La législation sur les soins infirmiers établit par le Ministère de la santé, et reprise dans le guide du C.CLIN (Centre de Coordination de la Lutte contre les Infections Nosocomiales) édition de décembre 2004, donne la définition suivante d'un acte à risque infectieux potentiel :
" La réalisation d'un soin, défini comme un acte à risque infectieux par contact de peaux lésées superficiellement, demande donc :
- un environnement propre et désinfecté.
- prioritairement du matériel à usage unique stérile, ou du matériel recyclable stérile, ou à défaut du matériel recyclable qui aura subi une désinfection.
- une hygiène des mains (désinfection par friction ou lavage avec un savon antiseptique)
- une technique d'acte de soins aseptique. "

Sans parler des critères esthétiques qui restent très subjectifs!!
La " qualité " d'un tatouage se définit par sa netteté. Plus précisément: un tracé bien net, des couleurs bien denses et des ombrages bien dégradés feront son inaltérabilité.
La définition d'un tatouage est semblable à celle d'une image numérique et du nombre de pixels qui la définisse:
- plus il y a de points d'aiguilles concentrés au cm, plus le tracé est net
- plus les points sont rapprochés, plus un aplat de couleur est uni
- plus les points sont dispersés, plus l'effet de dégradé (ou d'ombrage) est obtenu.
Un tatouage de qualité vieillira bien, les traits seront toujours nets même s'ils " s'épatent " un peu avec le temps. Il se " patinera " au bout de quelques mois, la couleur sera moins vive du fait de la reconstruction naturelle de l'épiderme

Selon mes critères, un tatouage mal placé est un tatouage raté. Même si techniquement il n'a aucun défaut, il doit être en osmose avec le corps, la morphologie, jouer avec la musculature. Il doit être en soi, pas sur soi… comme un décalcomanie posé n'importe où !
Un tatouage réussi, c'est celui dont l'oeil s'habitue pour l'intégrer jusqu'à ne plus le voir….
Un tatouage réussi met le corps en valeur, autant que le corps met en valeur le tatouage, tel un bijou !!!

Réussir son tatouage c'est:
- s'assurer de sa motivation,
- assumer ce choix et être prêt à supporter la douleur comme le regard des autres,
- avoir le bon motif : style, taille, couleur, représentation,
- réfléchir à l'emplacement et aux éventuelles répercussions d'ordre professionnel ou social,
- choisir SON tatoueur et respecter les consignes qu'il donne.
Ne pas regretter son tatouage c'est surtout et avant tout, prendre son temps, ne pas se précipiter: le " tattoo-minute" souvenir de vacances "ho, trop cool!! je veux le même" reste toute une vie !!!

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